Jouer avec ses enfants?

Jouer avec ses enfants, pour les parents c’est souvent compliqué. Ainsi, pour une majorité, le temps et l’envie ne sont pas toujours au rendez-vous.

Et à l’inverse une minorité – pour qui le jeu fait partie intégrante de leur vie – s’inquiète de marginaliser leur enfant en jouant « trop » avec.

Voilà: jouer? C’est quoi jouer avec son enfant? Un moment de plaisir ou de contrainte? Un moment éducatif? Pour les uns c’est hyper-fastidieux et contraignant. D’autres c’est un mode de vie qui les effraierait presque un peu (mais pas trop quand même): Peut-on « trop jouer »? Enfin, trop jouer avec eux?

Petit retour absolument personnel sur le sujet.

Maman joueuse inside… mais pas trop quand même.

De quoi parlons-nous ici?

De jeu, d’abord. Jouer est un temps nécessaire, de découverte et de construction pour l’enfant. C’est résolument un temps « improductif » économiquement du point de vue de l’adulte : quand on joue, on ne s’occupe pas que pendant ce temps là, le ménage n’est pas fait, ou qu’on perd l’équivalent d’un smic horaire par heure de jeu. D’un point de vue social, par contre: il est plein de retombées positive, d’apprentissage et d’amélioration de la confiance en soit. Jouer c’est expérimenter, c’est lacher prise, c’est tellement de choses que je ne pourrais vous en donner une définition.

Le jeu de société est une des formes de jeu. Globalement il s’agit de jouer à plusieurs autour d’un support et de règles convenues à l’avance. Ces règles énoncent notamment un but du jeu qu’il faut atteindre pour gagner. Si cela vous intéresse, la page wikipédia qui essaie de définir de quoi il s’agit est par ici :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_soci%C3%A9t%C3%A9

Les enfants et le jeu

Les enfants jouent : c’est leur façon de découvrir le monde. Des jeux d’imitation bien sur : jouer à la maman, jouer aux voitures, jouer au docteur, jouer à imiter le travail des grands. Et comme cela apprendre ce que l’on attend d’eux.

Jouer à autre chose qu’imiter les grands  – et notamment jouer aux jeux de société – n’est plus si naturel. C’est l’apprentissage de codes :

  • apprendre un code social, des règles
  • apprendre le « pour de rire »
  • accepter de perdre et de rester bons amis…
  • ou simplement jouer « ensemble » pour que tout le monde soit content.

Bref, jouer c’est pas mal culturel. Comme rire de certaines choses, et pas d’autres.

Et nous offrons des jeux aux enfants, car ce sont des enfants. Car un enfant, ça doit jouer, non? Nous leur offrons même des jeux de société. Mais voilà qu’ils ont besoin d’un partenaire de jeu pour cela…

Ca tombe bien,  il parait qu’il faut jouer avec son enfant.  Oui, de nombreux experts conseillent aux parents de jouer avec leurs enfants. Je ne parle pas seulement des enfants d’age scolaire, mais déjà des tous petits, et ensuite de leurs aînés.

  • L’enfant aime passer du temps avec ses parents, hors du temps et de la course de la vie. C’est un temps positif de transmission, de discussion…
  • Le parent retrouve un peu son lacher-prise, son ame d’enfant, son niveau de stress diminue et il découvre son enfant sous une nouvelle facette: celle du compagnon de jeu, et pas seulement de cet enfant qui est son enfant.

Alors, convaincu?

Du jeu avec les enfants

Quoi de plus naturel de jouer avec ses enfants… non?

Peut-être pas.

Ce qui est « naturel » pour un parent, c’est d’abord et avant tout de s’assurer que ses enfants ont tout ce qu’il faut, que la logistique soit gérée. Le temps de jeu est plutôt un temps entre enfants. Déjà car les adultes n’ont pas le temps, soyons honnêtes.

Combien de fois ai-je entendu ou lu « tant qu’il ne me demande pas de jouer avec lui, ça va!’ » « Moi, les petites voitures??? Je déteste ». « Je ne veux pas jouer avec lui, suis-je une mère indigne? »  » Principalement lié au fait que nous leur offrons des jeux qui ne nous intéresse pas: nous, les adultes.

Un plaisir qui doit être partagé

Jouer en famille, c’est censé être un moment: (en vrac) de partage / d’écoute/de plaisir. Et ce n’est (normalement) pas un moment: de stress/avec l’oeil sur la montre.

Alors, bien sur, il faut que ça soit un plaisir pour tout le monde pour que la magie opère. Pour moi, exit donc les poupées Barbie. Pour d’autre ça sera exit le Monopoly ou exit un bête jeu de carte. Je m’en veux donc dimanche d’avoir accepté de jouer au jeu « Dora » car je n’ai pas arrêté de râler et de faire en sorte que le jeu finisse plus vite (et hop la roue ch***te à tourner on la remplace par un dé à 6 faces’). Donc, il faut trouver un jeu qui nous plaise. Et si, il en existe.

Revenons à nos moutons. Jouez, c’est bien si vous prenez plaisir avec eux. Essayez éventuellement plusieurs type de jeux différents avant de lâcher l’affaire. Amenez le à la ludothèque et observez, vous trouverez peut-être votre bonheur. Mais si les syndrômes d’énervements persistent:  laissez tomber et trouvez autre chose à partager avec vos enfants. Ils joueront avec leurs copains. Jouer avec un parent énervé, ça se sent tout de suite et ça gâche tout.

Saviez-vous qu’alors que beaucoup s’inquiètent que leurs enfants ne jouent pas (sont tout le temps fourré devant la télé ou sur leur DS), d’autres craindraient qu’ils jouent trop?

De la reproduction sociale du geek asocial? (Pour les parents joueurs)

Certains parents se retrouvent à l’opposé. Adultes joueurs, ils sont devenus parents-joueurs, et évidemment transmettent leur passion, comme d’autres initient leurs petits au foot, à la cuisine ou à la pêche.

Par adulte joueur j’entends ici joueur de jeux de sociétés, mais cela pourrait sans doute s’appliquer aussi à plein de forme de geek: gamers; etc.

La thèse défendue (la crainte) serait qu’en initiant nos enfants au jeu de société, on les couperait ainsi des jeux dits « classiques » (Monopoly…) et donc d’un référentiel culturel commun aux autres enfants.
Peut-être aussi on les « sur-stimulerait » et ils deviendraient tellement bons et plus intelligents qu’ils se couperaient eux-mêmes de leurs copains…

La crainte est grande alors pour des parents qui se sont peut-être sentis exclus, que leurs propres enfants vivent cette exclusion.

D’abord, si vous êtes un ancien ado boutonneux (que nous qualifierons de « geek à l’ancienne » pour les puristes – même si des ados boutonneux y’en a partout – la différence du geek c’est qu’il est un peu plus pâlot – rapport au fait de préférer rester enfermé) et que vous vous posez des questions sur la transmission à vos enfants. Une grande nouvelle: Vous avez passé avec succès le cap d l’ado boutonneux  puisque vous êtes père.

Vous craignez d’en faire des asociaux?

Non, vraiment?

Eh bien, OUI peut-être si à 6 ans vous l’avez déjà blasé en lui faisant découvrir des jeux 15+

–> Mais en fait, non, car a priori il décrochera ou inventera ses règles à lui.

–> Peut-être OUI ça deviendra un asocial si son seul loisir autorisé à la maison est de sortir un jeu de société (le dernier à la mode svp). Si on ne parle QUE de ça à la maisons. Et si un jour il VOUS parle d’autres trucs et que vous ne l’écoutez pas car VOTRE trip c’est le jeu et le reste du monde vous vous en fichez.

–> Sinon, il / elle sera juste un gamin avec un (des)parent(s) joueurs. Qui peut-être le jour où il verra son papa s’énerver car il a ramené un 5 en math proposera de régler le sujet autour d’une petite partie de ?????? (Jeu nécessitant de mettre en pratique pas mal de concept où votre gamin vous latte). Et vous serez fier de lui car il aura appris à négocier avec vous, il se sera adapté à vous.

–> Mais ça ne l’empêchera pas de faire SA crise d’ado à lui et peut-être de critiquer Haut et fort votre jeu/livre/jdr préféré ou de clamer qu’il préfère le foot en vrai, pas sur table.

Et c’est là que NOUS les parents, devons accepter qu’il ne soit pas nous, finalement. Non, ces enfants ne sont pas des mini-geek simples extension de nous même. Ils sont eux.

 

Ok mais quand même il n’a pas les mêmes références que les autres enfants de son age (cet enfant de parents joueurs)

Euh… Oui, c’est possible. J’ai bien vu le fiston à l’œuvre à l’école lors des apres-midi « jeu de société ». Bon, à la dernière session nous pouvons amener des jeux de la maison. Et là, on va leur montrer comment NOS jeux à nous sont trop les meilleurs. Oupas finalement.  Moi j’ai d’excellents souvenirs de Monopoly et de Bonne Paie. Le seul souci: ça trainait en longueur. Mais les jeux auxquels nous « exposons » nos enfants finalement, est-ce si important? Si ils passent un bon moment?

Bref, si ça vous frustre qu’il ne connaisse pas le jeu de l’oie, faites le jouer avec Mamie. Apres, il saura. Et aux anniversaires des copains, offrez quelques petits jeux adaptés qui proposeront un autre voie, et le référentiel autre se propagera.

Mais si malgré tout il est « différent » ?  Franchement, c’est fatal, non? Nous sommes tous différents. Ses parents sont hors norme dès lors qu’ils adorent jouer. Voilà, c’est comme ça. De même que nous mettrions nos enfants hors-norme si nous les élevons dans n’importe quelle doctrine, religion ou croyance.

Mais je vais en faire un « geek » (sous entendu: à l’ancienne associal, et pas super fashion connected d’aujourd’hui)

Alea jacta est. Rassurez-vous, avant l’adolesence, un enfant c’est pas tellement  fou. Ca repere super bien: la tablette / le beau temps dehors/ les copains pour jouer à la bagarre… les boites de jeu… désolé ça vient après.

Après… avec l’adolescence et la suite… c’est l’histoire de chacun qui se crée et à nous de les accompagner.

Quelques sujets d’inquiétudes tout de même

La visée pédagogique

La visée pédagogique des jeux même si elle est présente ne devrait pas être ce qui anime l’adulte.

Je suis très contente qu’à l’école, en grande section, la maîtresse ait considéré qu’avant le CP les enfants devaient savoir lancer un dé, lire la valeur et avancer correctement du nombre de cases. Respecter la règle de jeu et accepter de jouer jusqu’au bout – même si on est en train de perdre. Très bien, c’est parfait, c’est un bon apprentissage.

En tant que parent, nous aimons aussi gérer une partie de l’apprentissage de nos enfants. Mais le temps de jeu ne doit pas être que cela. Idéalement ce doit juste être un moment de plaisir partagé : Jouer ensemble, et c’est tout.

 

Le jeu dirigé, encore et encore, pas toujours adapté

Le jeu doit être un moment de plaisir et l’enfant doit pouvoir choisir de jouer ou ne pas jouer : sinon ce n’est plus un jeu : c’est un travail.

Le jeu encadré tout le temps par des adultes dans un monde d’adulte… n’est peut-être pas l’idéal.
Ce que je veux dire, c’est que le jeu de société reste un jeu dirigé. L’enfant ne doit pas faire que cela. Donc, on laisse un peu les gamins jouer en jeu libre, s’ennuyer, construire ses propres mondes imaginaires, c’est bon pour eux (et pour nous, vu qu’ils s’habituent à nous fiche la paix).

Il aime toujours voir le dernier jeu à la mode, comme papa?
Peut-être que papa devrait planquer le dernier jeu à la mode et choisir des jeux adaptés à l’age de l’enfant. Car OUI il en existe dès 2 ans. Des jeux, quoi.

Pas des jeux de sociétés pour les grands enfants.

2 Critères du bon jeu pour enfant:

  • ils sont adaptés à son âge (souvent indiqué sur le paquet… et assez honnete pour les jeux des plus jeunes – sauf si vous avez des enfants précoces mais c’est un autre sujet), ils les stimulent pile poil là où ça fait du bien.
  • ils sont sympa, les enfants accrochent en général
  • et ils ne sont pas (trop) chia*t pour les adultes

OK ça fait 3 critères en fait.

 En conclusion

Donc, en fait si les parents jouent… ce sont les parents les asociaux?

Sans tomber dans l’exagération, oui, navré de vous le confirmer (mais vous saviez déjà). Mais de moins en moins, non? Le jeu se propage. Tout le monde connait Times’up, Jungle Speed. Tous les gamins une fois passé au Centre ou en Colo ont fait un Loup Garou…

Aujourd’hui où il existe tellement de stimuli divers et variés pour les gamins, savoir joueur et communiquer au passage avec des gens de tous les ages, c’est quand même pas 100% perdu.

Allez, bons jeux avec eux, profitez en.

Quelques liens pour ceux qui se demandent d’où ça vient, tout ça…

Le jeu avec déjà des tous petits: Le site « Naître et Grandir »  Jouer avec son enfant

Le dossier de Psychologie Magazine: Eduquer, c’est aussi jouer

Graine de Curieux:  Des astuces pour jouer avec son enfant

L’avis du papa, sur le blog Cyol.fr : Jeux de société avec enfants

Le podcast de Proxi-jeux qui s’interroge qui cette histoire de futurs associaux: (il faut écouter) Podcast n°44 – Débat : les parents gamers font ils des enfants asociaux ?

3 thoughts on “Jouer avec ses enfants?

  1. Hello Hello,

    Etant joueur (et multi-classé, jeux de plateau, jeux de rôle, jeux vidéo) et papa, je suis en plein dans des réflexions de ce type là (bon ok, ma petiote n’a que 2 ans et demi).

    Enfin quand je dis réflexion, disons que j’ai eu de tel réflexions, je les ai conclus en achetant des jeux tablettes et des jeux de plateau adaptée à ma file.

    Mais ça fait plaisir, de voir qu’on est pas seul à penser que les jeux, c’est bon pour les enfants :)

    Par contre, il manque le lien vers l’avis du papa, en fin d’article.

    • Merci, oui souvent nous sommes plusieurs à nous poser les mêmes questions et c’est finalement rassurant.
      Pour l’avis du papa: c’est évidemment une coquille, qui aurait du être corrigée… j’y retourne donc de ce pas.

  2. Pingback: 9 vies « Le Blog de Cyol

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